Gilles Sacksick
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Pigments ou la poussière du soleil
Ce jour-là, et alors que j'ai tellement hâte de peindre, me vient l'idée d'aller droit au but : droit au cour même de la peinture.

J'ai dans l'esprit le projet d'un portrait de femme : et sur le champ, et sans dessin préalable, je «jette», littéralement, d'abord du bleu, puis du rouge, puis une couleur jaune. J'achève avec une couleur, sombre et bistre, mais qui peut tenir lieu du noir de l'imprimeur.
C'est très rapide. Spontané. Et voici que j'ai sous les yeux, promptement, ce qui fait le principe et le principal de l'œuvre peinte : à savoir, une forme colorée et non plus coloriée - une forme lumineuse et qui apparaît autrement que par le clair-obscur. Ici c'est la couleur qui dessine. Ce n'est plus «un dessin que l'on met en couleurs» !
Ces couleurs, littéralement «jetées», plus ou moins primaires, se recouvrant inégalement l'une l'autre, et qui ne sont plus portées que par le prisme et l'émotion.

Cette peinture aux pigments n'est pas une recette, et à peine une technique. Ce n'est pas non plus une «manière» de peindre, mais une façon d'être : un état d'esprit.
C'est se mettre à l'école de l'évidence. Celle de la lumière. Non pour l'imiter - c'est impossible ! - mais pour oser, avec nos moyens humains, de travailler comme elle : et en tout cas, avec elle.